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Vient de paraître | Building the future we want

Building the future we want - cover
Building The Future We Want – TERI PRESS

AIDA s’est associé, cette année encore, à l’AFD, à l’Iddri et au TERI pour l’édition et la rédaction d’un volume de A planet for life.

L’édition 2015 « Building the future we want »  est consacrée à la manière dont les gouvernements, les autorités locales, les acteurs privés, en différents endroits du monde, se saisissent de l’agenda global de transformation social, économique et écologique ouvert depuis Rio et renforcé avec les objectifs de développement durables définis en septembre 2014.

Elle est disponible auprès de TERI PRESS à l’adresse suivante : http://bookstore.teri.res.in/books/9788179935750

Les éditions précédentes :

Éditeur, rédacteur de contenu scientifique et engagé

  • L’association AIDA (association loi 1901) a une expérience diversifiée de l’édition autour des questions de développement durable, de négociations internationales et de mondialisation depuis 1988.
  • AIDA a repris en 2004 le projet de magazine trimestriel « Le Courrier de planète », créé en 1989 par l’association Solagral et dédié aux questions de mondialisation. Le projet éditorial voulait s’appuyer sur la diffusion des travaux universitaires pour organiser un débats entre les acteurs. Sous sa forme papier, la production du magazine s’est achevée en 2012 pour prendre d’autres formes. Depuis 2007, l’association s’est associée au développement des ouvrages Regards sur la terre mettant à sa disposition son savoir faire éditorial et son réseau d’auteurs potentiels.
  • Les activités actuelles de l’association s’organisent autour de services d’édition scientifiques rendus à différents commanditaires (Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), Institut agronomique méditerranéen de Montpellier (IAMM), CIRAD,…) et la valorisation de son fonds documentaire par l’écriture de différents livres essentiellement pour l’éditeur Belin (Collection Infographies).

93 | Enjeux globaux Entre savoirs et gouvernance

Edito

Comme vous avez pu le constater, cette nouvelle livraison du Courrier de la planète arrive en retard. Ce délai est lié à des difficultés économiques : très largement dépendante de fonds publics, la revue a subi les conséquences de la rigueur budgétaire. Pour poursuivre notre activité de publication, nous nous sommes tournés assez naturellement vers le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) et l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) en sollicitant leur soutien. Le Cirad qui nous héberge depuis trois ans et avec qui nous avons réalisé des numéros conjoints sur les thèmes de la sécurité alimentaire et du commerce équitable. L’Iddri avec qui, depuis ses débuts, nous nous nourrissons de nos travaux respectifs. Malgré ces décisions stratégiques, notre projet reste le même : valoriser et mettre en perspective les travaux de recherche, en les croisant avec les points de vue de la société civile et des opérateurs politiques. Entre « science et politique » nous resterons donc, comme le sujet que nous développons ce trimestre-ci.

Par certains aspects, les sciences n’ont pas beaucoup changé au cours des décennies passées, en particulier pour ce qui concerne leur organisation interne, disciplinaire, la vérification par les pairs, etc. En revanche, leur insertion dans la société et les choix collectifs, elle, a beaucoup évolué. Il y a quelques temps encore, nous aurions pu titrer «sciences et politique». Aujourd’hui, nous titrons «savoirs et gouvernance». Un simple déplacement sémantique ? Pas vraiment. Le modèle d’hier faisait de la science une machine de production de faits et de vérités (même partielles, provisoires ou sujettes à contestation). Les experts étaient là pour transformer dans le champ politique (c’est- à-dire vers l’autorité de gouvernement ou l’état) les acquis scientifiques. Un modèle rationaliste et de haut vers le bas pourrait-on simplifier.

Or aujourd’hui —  et la mutation environnementale et les questions globales n’y sont pas pour rien –, il ne s’agit plus seulement de décider, mais de gouverner, avec une multitude d’acteurs, à différentes échelles et suivant différents objectifs, intérêts et contraintes combinés. Comme le reste de la société, les sciences et techniques sont prises dans un processus d’apprentissage permanent, ouvert, réflexif, polémique aussi. Leurs programmes sont questionnés, souvent pilotés par les questions collectives et le bien public, mais aussi, dans le même temps, par des intérêts privés (ils sont alors source de brevets et de profits). Communautés épistémiques, programmes cadres, multidisciplinarité, nouvelles techniques de gestion, privatisation, commissions d’éthique, questionnements du public, etc. : si le processus interne de véridiction de la science a peu bougé, son intervention de plus en plus massive dans les gouvernances globales, nationales et locales est telle que tout son contexte d’élaboration, de pilotage et d’implémentation a modifié sa position dans l’ensemble des savoirs mobilisés par les acteurs pour agir. Ce sont ces changements qu’explorent les différents articles et entretiens de ce numéro du Courrier de la planète.

François Lerin, directeur de publication

Sommaire du numéro

    • Histoire| Les marchands de doute 
      Entretien avec Naomi Oreskes, University of California, San Diego
    • UICN| Le tournant des années 1980 
      Selim louafi, Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement
    • Protocole de Montréal| L’accord modèle 
      Richard J. Smith, Peter G. Peterson Institute For International Economics
    • Seuil des 2 °C| Une projection faite objectif 
      Paul-Alain Ravon et Béatrice Cointe, Sciences-Po
    • Régime de véridiction| La force des controverses 
      Entretien avec Michel Callon, Centre de sociologie de l’innovation
    • Agrimonde| Perspective 2050 
      Bernard Hubert, Agropolis international et Patrick Caron , Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement
    • Gouvernance| De l’innovation en démocratie 
      Sheila Jasanoff, Harvard Kennedy School
    • Evidence-based policy| La qualité des preuves
      Catherine Laurent, Institut national de la recherche agronomique
    • Production du savoir| Repenser la science 
      Helga Nowotny, Swiss Federal institute of technology Peter Scott , Kingston University Michael Gibbons , Association of Commonwealth Universities
    • Arènes et acteurs| Coproduction des connaissances 
      Entretien avec Sybille van den Hove, Median SCP
    • Millennium Ecosystem Assessment| Expertise mondiale, intérêts locaux 
      Marie Hrabanski, Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement
    • Fonds mondial| Bonne santé ! 
      Lorrae van Kerkhoff, the Australian National University Nicole A. Szlezek Harvard University
    • Agriculture| Pour une connaissance partagée
      Judi Wakhungu , African Centre for Technology Studies
    • OGM| Compromissions européennes 
      Arnaud Apoteker , Greenpeace France
    • REPÈRES| Des connaissances pertinentes, crédibles et légitimes
  • Dossier| Controverses climatiques

92 | dossier|Corée

La Corée, dont le développement industriel a été fondé sur des secteurs très énergivores (sidérurgie, pétrochimie, ciment), a vu sa demande énergétique être multipliée par quatre en vingt ans. Résultat, le pays importe aujourd’hui 97 % de l’énergie qu’il consomme, laquelle provient en très forte majorité de ressources fossiles.

Pour réduire l’empreinte écologique et la facture énergétique de sa production, et face au ralentissement de sa croissance économique, inédit depuis la crise de 1997-98, la Corée du Sud a lancé un plan de relance largement tourné vers l’environnement : rénovation des bâtiments, développement des transports écologiques, programmes d’énergies alternatives, revitalisation des quatre rivières majeures, etc. Pour ce faire, le gouvernement souhaite engager près de 2 % de son PIB sur la période 2009-2013, un niveau record dans la zone OCDE, qui fait de la Corée l’élève modèle du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), promoteur d’un «Global Green New Deal».

L’objectif est explicite pour les autorités : devenir une puissance verte.

Le verdissement de l’économie coréenne répond à un double objectif. À court terme, il constitue une réponse à la crise, dirigée prioritairement vers le marché du travail grâce à une politique de grands travaux d’infrastructures. À plus long terme, il s’agit de mener une politique industrielle volontariste dans le secteur des technologies vertes, identifiées comme les futurs moteurs d’une crois- sance durable. L’objectif est explicite pour les autorités :devenir une puissance verte, capable de rivaliser avec les leaders mondiaux des technologies vertes (États-Unis, Chine, UE, Japon), considérant que les premiers à entrer en action «récolteront les fruits du nouveau monde vert».

Mais cette démarche, qui renoue avec la pratique des plans de développement quinquennaux dirigés par l’État, appelle un certain nombre de critiques et d’interrogations sur la nature exacte des emplois créés (plus ou moins «verts»), sur l’impact environnemental des grands projets d’infrastructures, sur les modalités de financement, etc. La crainte est que le verdissement de l’économie ne constitue qu’un ajustement à la marge du système productif, alors que d’aucuns appellent à une profonde mutation des structures de l’économie, dont le modèle de croissance va fatalement s’épuiser en raison des tensions qu’il exerce sur les ressources naturelles et de sa très forte dépendance à l’énergie fossile importée.

Damien Conaré

  • Dossier  Corée

  • économie et société | Une modernisation record
    Hyuk-rae Kim Yonsei University

  • Séoul | Ville géante, cités radieuses
    Entretien avec Valérie Gelézeau, Ecole des hautes études en sciences sociales

  • économie verte| Retour à la planification
    Kyung-hwa Chung Sciences-Po

  • Plan de relance| Vous avez dit « vert » ?
    Sun-jin Yun Seoul National University

  • Croissance verte| La route du futur
    Baptiste Perrissin Fabert Conseil économique pour le développement durable

  • Corée| Ce n’est pas la faute de Dieu
    Cho Sehéi

92 | Sortie de crise : L’option verte

L'option verte
L’option verte

Edito | L’option verte

Les trois piliers du développement durable (social, économique et environnemental) sont en bien mauvais état : creusement des inégalités, récession mondiale, changements climatiques, érosion de la biodiversité et finitude des ressources. En guise de projet de rénovation, la transition vers une économie verte vise à protéger l’environnement grâce à de nouvelles solutions technologiques, créatrices d’emplois et futurs moteurs d’une croissance durable (ou « croissance verte »). Affronter les problèmes environnementaux invitent donc à transformer l’appareil industriel vers une économie moins consommatrice de ressources naturelles et moins émettrice de carbone.

Cette trajectoire peut suivre au moins trois pistes composant une stratégie globale (le « Green New deal ») : la recherche de ruptures technologiques, l’augmentation volontariste de l’efficacité énergétique (sobriété) et la modification des signaux-prix pour internaliser le coût des émissions dans la chaîne de production (taxe carbone par exemple). Une stratégie multiforme sachant également que le terme « vert » appelle des priorités différentes selon les pays avec toutefois une conviction partagée : plus la transition verte sera engagée rapidement dans un pays, plus son avantage compétitif sera important.

C’est dans ce contexte qu’ont été adoptés dans plus d’une vingtaine de pays des plans de relance économique, dont on estime qu’environ 15% du montant total sont affectés à l’économie verte. Le rail arrive en tête de ces investissements publics verts, devant les infrastructures électriques, l’eau et les déchets, l’efficacité énergétique des bâtiments, les énergies renouvelables, les technologies de capture et de stockage du carbone et, enfin, les véhicules à faible intensité carbone.

Bien sûr, on peut douter du caractère « vert » de certains programmes et du niveau de la transition engagée : le rail ne constitue pas en soit un grand basculement et certains projets d´infrastructures pourraient avoir un impact préjudiciable sur les écosystèmes. À la faveur d´un tour de passe-passe budgétaire, des investissements peuvent opportunément se retrouver dans la colonne « vert ». La tentation de l´éco-blanchiment (greenwashing) est grande…

Ensuite, cette transition nécessite une action à long terme, éloignée de l´urgence de la sortie de crise et qui ne correspond pas au calendrier électoral des pouvoirs publics ou à celui des acteurs privés soumis à un devoir de rentabilité court-termiste. Et pendant ce temps, la reprise qui se dessine repose sur les mêmes fondations qui ont conduit à la crise…

Enfin, l´avènement d´un modèle durable grâce aux technologies vertes suscite bien des réserves, notamment du côté des promoteurs de la décroissance : on attendrait du marché, de la croissance et des technologies qu´ils nous sortent de l´impasse dans laquelle ils nous ont conduits. Ceci est pour eux un leurre tant que ne seront pas sérieusement remis en cause les modes de production et de consommation et, plus généralement, les modes de vie. Faute de quoi, le projet de croissance verte se réduirait à « polluer moins pour polluer plus longtemps ».

Il n´empêche, ces projets de relance verte constituent bien un puissant signal envoyé à toute une galaxie d´acteurs (innovateurs, entrepreneurs, politiques, consommateurs, etc.) qui ont le pouvoir de décision. En dépit de l’échec de la conférence sur le climat de Copenhague, la relance verte fixe donc un objectif collectif mobilisateur, déclinable à l’envie et à différentes échelles.

Damien Conaré
Rédacteur en chef

Sommaire

  • Histoire| économie et environnement 
    Jean-Pierre Revéret
    Université du Québec à Montréal
  • économie| à crise systémique, réponse systémique
    Dominique Plihon
    Université Paris-XIII
  • Système financier| Crise ou catalyse ?
    Paul Dembinski
    Observatoire de la finance
  • Bien-être| Pour une autre mesure
    Dominique Méda
    Centre d’études de l’emploi
  • Modèles économiques| Objecteurs de croissance
    Entretien avec Baptiste Mylondo
    Association Recherche & décroissance
  • REPÈRES Les trois sources des plans verts
  • REPÈRES Scénarios de crise
  • Arènes et acteurs| La voie de l’économie verte
    Entretien avec Pavan Sukhdev
    Programme des Nations unies pour l’environnement
  • Union européenne| Passage au vert ?
    Jean-Marc Nollet
    Ministre wallon du développement durable
  • France| l’esprit du Grenelle,Michèle Pappalardo, Commissaire générale au développement durable
  • Chine| Le grand bond en avant vert ?,Jun Li, Institut du développement durable et des relations internationales
  • San Jose (Californie)| Quelle est verte ma Valley,
    Nanci Klein, City of San Jose
  • Afrique du Sud| Vert progressif,
    Thierry Giordano et Neva Makgetla, Development Bank of Southern Africa
  • Cleantech|Financements, êtes-vous là ?
    Nicolas Chaudron et Michaël Salomon, AGF Private Equity
  • REPÈRES Relance verte dans le monde
      • DOSSIER Corée

      • économie et société| Une modernisation record Hyuk-rae Kim Yonsei University

      • Séoul| Ville géante, cités radieuses Entretien avec Valérie Gelézeau Ecole des hautes études en sciences sociales

      • économie verte| Retour à la planification Kyung-hwa Chung Sciences-Po

      • Plan de relance| Vous avez dit « vert » ? Sun-jin Yun Seoul National University

      • Croissance verte| La route du futur Baptiste Perrissin Fabert Conseil économique pour le développement durable

      • Corée| Ce n’est pas la faute de Dieu Cho Sehéi

      • L’ACTUALITé DU TRIMESTRE sélectionnée par la rédaction du Courrier de la planète